Téléscience

Les campagnes mettant en œuvre un volet de téléscience tendent à se développer. En regroupant l’ensemble des activités scientifiques et techniques coordonnées avec tout ou partie des équipes restant à terre, elles permettent notamment d’impliquer un plus grand nombre d’acteurs.

Le laboratoire Géoazur de l’Université de Sophia Antipolis a expérimenté la téléscience dès 2018. En décembre, cette année-là, alors qu’une équipe embarquée sur L’Europe déployait le HROV Ariane pour sonder les grands fonds au large de la côte ligure, à terre un groupe constitué d’enseignants-chercheurs, d’étudiants en master et d’ingénieurs assistait aux plongées et visualisait les données, en direct, depuis une salle de visio-conférence. « Nous avions décidé de faire de cette campagne un véritable outil pédagogique », explique l’enseignante-chercheuse Frédérique Leclerc. Objectif : apprendre aux étudiants à conduire un projet de recherche, et leur permettre de découvrir les outils de géosciences marines, sans se soucier de la contrainte des places à bord des navires.

En 2021, une seconde campagne a été menée. Frédérique Leclerc en prévoit d’autres à l’avenir. « La téléscience offre beaucoup d’avantages », conclut-elle. Au sein de la communauté scientifique, certains rappellent aussi l’importance de continuer à encourager les embarquements : « Il ne faut pas négliger l’aspect sensitif d’une mission en mer », témoigne le biogéochimiste Éric Machu.

Les expériences de science à distance sont donc de plus en plus nombreuses. Plusieurs navires disposent d’ores et déjà de moyens de télécommunication adaptés, à l’image de L’Atalante.

Mais la téléscience est loin de ne viser que des objectifs pédagogiques. En mai 2020, Mayobs 13-2 l’avait expérimentée pour surveiller dans l’urgence la crise sismo-volcanique à Mayotte, à bord du navire Gauss de la société Fugro. Une campagne « hors norme », selon les termes du chef de mission Emmanuel Rinnert. « Nous étions en pleine période Covid. L’équipe scientifique était entièrement à terre, en télétravail. Heureusement, nous avions déjà l’habitude de travailler ensemble, et nous connaissions bien les équipements », se souvient le chercheur qui souligne la difficulté à gérer les quarts, en étant à domicile. « Il faudra à l’avenir définir un cadre pour ce genre de projets. »

Les expériences de science à distance sont donc de plus en plus nombreuses. Plusieurs navires disposent d’ores et déjà de moyens de télécommunication adaptés, à l’image de L’Atalante.

Une salle de contrôle à distance est opérationnelle à Plouzané. Et une salle immersive sera prochainement mise en service à Toulon. Les équipes de l’unité Navires et Systèmes embarqués (NSE) accompagnent les campagnes sur ces thématiques en contribuant à la mise en œuvre des équipements, la définition des protocoles, et le développement d’outils et de moyens dédiés à la téléscience. Ainsi, le projet Delmoges qui, grâce à un drone, visait à apporter de nouvelles connaissances sur les captures accidentelles de dauphins communs dans le golfe de Gascogne, a bénéficié du soutien des équipes de l’unité NSE.

D’une manière générale, la Flotte océanographique française souhaite accompagner les missions qui font appel à la téléscience. Elle a publié un appel à manifestation d’intérêt qui permet aux chefs de mission de se signaler et de bénéficier d’un soutien technique. Un projet dédié a également été lancé. Il contribuera à définir et à construire les infrastructures et protocoles ainsi qu’à développer les outils qui faciliteront et systématiseront à terme les opérations de téléscience.

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