Acteurs privés

Sept élèves-administratrices des Affaires maritimes ont pris part à la démarche « Imaginons la Flotte océanographique française à l’horizon 2035 », en menant une vaste analyse du paysage des acteurs privés de l’océanographie. Ce travail a abouti à la proposition d’un outil d’aide à la décision dans la perspective d’éventuels partenariats futurs.

Dans quel contexte avez-vous été amenées à contribuer à la démarche « Imaginons la Flotte océanographique française à l’horizon 2035 » ?

Dans le cadre de notre cursus au sein de l’École du service public de la mer (ESPMER), nous avions, pour l’année 2023-24, un projet pédagogique à choisir parmi trois propositions. Nous sommes sept élèves-administratrices des Affaires maritimes à avoir souhaité travailler avec la Flotte océanographique française. Notre mission s’est affinée à l’automne. Nous avons convenu de travailler, en lien avec les chercheurs, sur la question du développement potentiel de partenariats avec des navires océanographiques privés, français ou non.

Quelle méthode de travail avez-vous adoptée ?

Nous avons établi une première liste d’acteurs privés à contacter. Nous avons travaillé en binôme pour interviewer chacun de ces partenaires potentiels. Nous avons défini une liste de questions à leur poser, allant du pavillon des navires aux capacités techniques, sans oublier la structure juridique ou les sources de financement notamment. Nous avons aussi intégré à nos entretiens la question des émissions de CO2, en cohérence avec la démarche de décarbonation entreprise par la Flotte océanographique française. Sur les dix-huit initiatives, déjà opérationnelles ou en projet, seize ont accepté le principe de l’entretien.
La principale difficulté que nous avons rencontrée a été d’intervenir au nom de la Flotte océanographique française, sans en faire partie. Cela a dérouté certains de nos interlocuteurs. Dans tous les cas, il était primordial pour nous de rappeler notre neutralité : notre démarche visait à récolter des renseignements, mais à aucun moment, il ne s’agissait d’engager la Flotte océanographique française dans un quelconque partenariat futur.
En parallèle, nous avons échangé avec les chercheurs, notamment lors du séminaire « À quoi ressemblera demain la Flotte océanographique française opérée par l’Ifremer ? », en janvier 2024, pour mieux cerner leurs attentes et leurs contraintes.

Quels enseignements avez-vous tirés de ces différents échanges ?

Chaque entretien avec les acteurs privés a fait l’objet d’une fiche synthétique et d’une présentation plus détaillée. Malgré la diversité des dynamiques et des tailles de structure, nous avons tenté d’obtenir une vue d’ensemble, en définissant une typologie d’acteurs. Nous avons par exemple fait la distinction entre les opérateurs qui proposent des services à des fins commerciales, et les initiatives engagées dans la promotion de la recherche et/ou la protection de l’océan. D’une manière générale, nous avons noté a minima une curiosité voire, dans certains cas, un réel intérêt pour un potentiel partenariat avec la Flotte océanographique française.

« D’une manière générale, nous avons noté a minima une curiosité voire, dans certains cas, un réel intérêt pour un potentiel partenariat avec la Flotte océanographique française.»

Le groupe des élèves-administratrices des Affaires maritimes

La question de l’éthique a joué un rôle central dans vos travaux. En quoi est-elle omniprésente dans la recherche de partenaires ?

Nous avons très vite compris que tous les partenariats avec des acteurs privés n’étaient pas souhaitables ou acceptables. Certains chercheurs y sont même opposés sur le principe, car ils craignent que cela remplace des financements publics. Il nous semble donc essentiel de penser les questions éthiques en amont de la construction d’un partenariat. Pour guider cette réflexion, nous nous sommes inspirées de l’avis du COMETS N°2023-45 sur les campagnes d’opportunité, et nous avons établi une grille de critères. Nous l’avons conçue comme un outil d’aide à la décision qui pourrait servir à la fois à la Flotte océanographique française, mais également à d’autres organismes de recherche publics, ou aux chercheurs eux-mêmes, voire aux acteurs privés. Cette grille a fait l’objet de nombreuses versions, nous l’avons véritablement co-construite avec les participants au séminaire de janvier. Elle est divisée en deux parties : d’une part les « lignes rouges » cumulatives qui constituent des obstacles fermes à la conclusion d’un partenariat et d’autre part les critères négatifs et positifs dont la balance doit être positive.
Au-delà de cette grille, l’idée de la création d’un « label FOF » a émergé. Il reconnaîtrait la compatibilité d’un partenariat privé avec les exigences scientifiques et éthiques de la très grande infrastructure de recherche.

Que retenez-vous de cette expérience ?

Découvrir le fonctionnement du monde de la recherche de l’intérieur nous a beaucoup intéressées et enrichies. Le séminaire de janvier a donné une tout autre dimension à notre projet, nous avons pu constater l’intérêt que les chercheurs portaient à notre travail. La publication de notre rapport clôt notre projet pédagogique, mais ce n’est que le début de la réflexion pour la Flotte océanographique française. Il lui revient de s’approprier nos propositions si elle le souhaite et de trouver les meilleures modalités de mise en œuvre.

 

>> Accéder au rapport Nouvelles plateformes et initiatives privées en océanographie - Perspectives partenariales pour la Flotte océanographique française.