2.6. Les besoins en soutien humain
2.6.1. Besoin de personnel dédié
Le manque de personnel IT est criant dans la plupart des disciplines et des instituts du fait des politiques de recrutement propres à chacun d'eux. Dans le contexte actuel de pénurie, il faut s'organiser de la façon la plus pragmatique possible. En particulier, nous pensons qu'une meilleure articulation entre les laboratoires et les services techniques est souhaitable. Par exemple, dans le cas de projets d'instrumentations ou de certaines campagnes très techniques, comme les campagnes de maintenance d'observatoires, la mise en ligne d’un AUV 6000 m, couplée à HOV Nautile et ROV VICTOR, nécessite une expertise spécifique pour le traitement des données micro-bathymétriques et d’imagerie, et donc un personnel dédié à ces taches afin d’optimiser l’exploitation scientifique des données.
Les campagnes purement dédiées aux observatoires ne nécessitent en général pas un nombre de personnel embarqué important, mais obligatoirement qualifié, et dans sa grande majorité permanent, pour assurer la pérennité et la qualité de l’acquisition des données. Les équipements embarqués classiques sont généralement suffisants, mais il peut y avoir des demandes particulières en moyens de levage notamment pour assurer la maintenance de mouillages ou de sites instrumentés profonds.
Cependant, la montée en pression des services d’observation (SO) souffrira rapidement du manque de postes CNAP, dont les titulaires ont pour mission principale de coordonner, animer les services d’observation et leur exploitation scientifique.
En outre, devant le flux de données toujours grandissant lié au déploiement de nouveaux outils (par exemple généralisation des FerryBox) et la multiplication des possibilités d’acquisition des données (par exemple en valorisant systématiquement les transits entre les campagnes) nous soulignons également l’importance d’augmenter en adéquation les moyens humains pour gérer, mettre en œuvre et superviser la collecte des données ainsi que réaliser les premiers traitements de données (dans une approche qualité).
Les objectifs d'archivage/stockage/mise à disposition de données nécessitent aussi un personnel dédié, afin d’assurer que les données acquises lors de campagnes océanographiques soient dans le domaine public après les périodes de moratorium. Il en est de même pour le stockage/archivage/accès des échantillons de roches, carottes, fluides, organismes, après bien sur les périodes de moratorium.
Enfin, le passage systématique des campagnes halieutiques à une approche écosystémique, notamment pour répondre aux besoins de la DCSMM, nécessitera une refonte de l’organisation du travail à bord pour certains opérateurs afin d’accroitre la flexibilité des horaires de travail, notamment de nuit.
2.6.2. Besoin de l’identification d’une personne qui fasse fonction d’interface avec le chef de mission, à terre comme en mer
En ce qui concerne l’organisation des campagnes, la communauté des utilisateurs est unanime pour souligner qu’il est indispensable d'avoir une personne embarquant présente dès les réunions de préparation des campagnes pour (1) faciliter la transmission des informations techniques, logistiques etc …, (2) assurer une continuité entre la préparation et la réalisation des opérations à bord et (3) assurer une interface efficace entre le chef de mission et le personnel technique à terre comme à bord. Il s’agit bien d’un besoin d’une fonction, pas d’une personne en plus.
Une telle fonction permettrait d’anticiper et pallier à de nombreux potentiels problèmes logistiques (d’acheminement de matériel, dédouanage etc…), administratifs (missions, demande d’autorisation de travaux), ou techniques (utilisation des équipements du bord).
Une telle organisation est mise en œuvre depuis de nombreuses années sur le Marion Dufresne et est plébiscitée par les utilisateurs.
2.6.3. Besoin d’un service de logistique au sein de la flotte
Au sein des parcs comme dans la communauté des utilisateurs, les compétences n’existent pas actuellement pour gérer efficacement des questions douanières, des transports de produits dangereux… même en relation avec des prestataires privés ou via ULISSE. Le temps consacré à ces tâches l’est au détriment d’autres tâches de fond prioritaires que sont la maintenance et la préparation du matériel pour les campagnes.
Le repositionnement des activités de logistique au sein de la flotte permettrait de créer un véritable service spécialisé. Ce service assurerait (financement ET réalisation) la logistique de l’opérateur mais aussi des équipes scientifiques et des équipements issus des parcs instrumentaux mobilisés pour une mission.
Ce thème rejoint également la question des compétences nécessaires puisque les services dédiés à la logistique au sein de l’IPEV n’intègreront pas la flotte.
2.6.4. Besoin d’une cellule juridique au sein de la flotte
Le montage de projets multi-partenaires à la mer comporte beaucoup d'aspects juridiques (autorisations de travailler dans les eaux étrangères mais aussi françaises, mise en place des protocoles de Nagoya, établissement de contrats multi-partenaires fixant les droits et les devoirs de chacun…).
Le durcissement des règles environnementales liées à la préservation des milieux marins et l’augmentation du nombre des zones marines protégées qui en résulte entraînent des changements et des délais importants dans les procédures de demandes d’autorisations de travaux, non seulement dans les eaux étrangères mais également dans les eaux françaises.
Pour assurer une réponse efficace, une cellule dédiée devrait être mise en place au sein de la FOF afin de mettre en place et suivre les dossiers ; le chef de mission n'intervenant que pour les questions relevant de la nature des travaux de recherche qui seront entrepris. Faute de cela, de nombreuses régions pourraient devenir ou demeurer pratiquement inaccessibles pour les équipes françaises.
2.6.5. Besoin d’une harmonisation de l’accès aux parcs instrumentaux
Pour les parcs instrumentaux, à ce stade, la restructuration de la flotte n’est pas de nature à faire évoluer leurs rôles et places par rapport à l’organisation actuelle. Néanmoins, tous les équipements de ces parcs sont destinés à être embarqués sur les navires de la FOF et sont donc concernés, de facto, par la réorganisation de la FOF. En conséquence, pour faciliter la mise à disposition des équipements pour les utilisateurs de la FOF, il est souhaitable d’avoir une seule interface commune à l’ensemble des parcs instrumentaux ce qui permettra de visualiser l’ensemble des différents matériels et instruments disponibles pour la communauté.
In fine, il est recommandé d’augmenter la mutualisation des moyens techniques, voire d’envisager un rapprochement de certains parcs nationaux (comme les sismomètres de fond de mer OBS). Par exemple, une réflexion est engagée pour intégrer le matériel mobile de l’IPEV destiné au carottage (banc de découpe, banc d’analyse etc…) dans un parc instrumental disponible à l’ensemble des utilisateurs de la FOF. Une réflexion est également en cours sur l’élargissement des missions et des compétences « carottage sédimentaire long» de la cellule existante « océan » du C2FN, Centre de Carottage et de Forage National (c2fn.dt.insu.cnrs.fr).
Une telle réorganisation demande un renforcement des moyens humains pour harmoniser le fonctionnement de ces parcs : pour mettre en place une interface commune, pour assurer le développement, l’adaptation et la maintenance des équipements destinés aux navires côtiers et hauturiers, ainsi que leur mise en œuvre en mer sur les campagnes hauturières.
Il convient donc également de renforcer les compétences multidisciplinaires des services en charges de ces parcs. Par exemple, dans les parcs actuels, les compétences pour gérer du matériel de chimie font défaut. Si ce type de matériel doit à l’avenir être géré en parc plus que dans les labos il faudrait donc trouver les compétences correspondantes.
En outre, cette réorganisation des parcs simplifiera la collaboration internationale en facilitant l’emprunt et le prêt de matériel pour les utilisateurs.