Océanographie et atmosphère
En 2017, lorsque la Flotte océanographique française a entrepris sa première prospective, la thématique Océanographie et atmosphère ne faisait pas encore partie du périmètre de la réflexion. « En France, les missions océanographiques à objectifs scientifiques communs entre les biogéochimistes marins et les atmosphériciens sont assez nouvelles », reconnaît Karine Sellegri, directrice de recherche au laboratoire de Météorologie physique (LaMP) de Clermont-Ferrand. Depuis, des campagnes comme Peacetime en 2017 ou Tonga en 2019 ont confirmé l’intérêt de travailler ensemble. D’où la création, dans le cadre de la démarche « Imaginons la Flotte océanographique française à l’horizon 2035 », d’un groupe de travail dédié.
Derrière l’intitulé « Océanographie et atmosphère » se rassemblent des chercheurs qui s’intéressent à la fois aux émissions - de gaz, de particules ou d’embruns notamment - de l’océan vers l’atmosphère, mais également aux dépôts, solides ou gazeux, de l’atmosphère vers l’océan, comme les poussières désertiques ou les particules volcaniques par exemple. D’autres tentent de comprendre comment les deux milieux interagissent mutuellement. Des sujets d’études qui sont inévitablement en lien étroit avec la problématique climatique.
"Si l’on pouvait équiper tous les navires de la flotte d’instruments de mesure atmosphérique pérennes, cela permettrait d’exploiter au mieux le temps de présence des bateaux en mer ! "
Karine Sellegri, directrice de recherche au laboratoire de Météorologie physique (LaMP) de Clermont-Ferrand
« Personnellement, ma prise de conscience des enjeux environnementaux est antérieure aux années 2000. Pour autant, je ne peux pas mener mes travaux de recherche en restant à la maison. Lors des campagnes auxquelles je participe, nous embarquons de grandes enceintes de deux m3 qui simulent l’interface océan-atmosphère, ainsi qu’une grosse instrumentation. Nous faisons donc appel aux plus gros navires de la flotte », précise Karine Sellegri.
Ces dernières années, de nouvelles idées émergent. À l’image du projet Marion Dufresne Atmospheric Program - Indian Ocean (MAP-IO), qui vise à effectuer des mesures d’opportunité sur le long terme dans l'océan Indien, grâce à l’installation d’instruments autonomes sur le Marion Dufresne. Après deux années d’expérimentation, un consortium de plusieurs laboratoires monte les dossiers pour que le projet soit labellisé. Consciente du potentiel, Karine Sellegri imagine la suite : « Si l’on pouvait équiper tous les navires de la flotte d’instruments de mesure atmosphérique pérennes, cela permettrait d’exploiter au mieux le temps de présence des bateaux en mer ! ».