Physique et biogéochimie de l'océan

Quand on consacre ses journées à observer les courants marins, ou à étudier les interactions entre les propriétés chimiques de l’océan et la vie marine, les enjeux climatiques sont forcément omniprésents. « Nous sommes par nature une communauté scientifique particulièrement sensibilisée aux questions environnementales. Nous menons d’ailleurs une réflexion sur l’impact de nos pratiques depuis plusieurs années », reconnaît Xavier Capet, océanographe physicien, directeur de recherche au CNRS. À titre d’exemple, le laboratoire d’Océanographie et du Climat (LOCEAN), au sein duquel il travaille à Paris, s’est entendu dès 2020 sur des quotas carbone pour encadrer les déplacements aériens de ses équipes.

Convaincu qu’il est impératif d’agir collectivement, Xavier Capet a souhaité prendre part à la démarche « Imaginons la Flotte océanographique française à l’horizon 2035 » lancée par l’infrastructure de recherche IR* Flotte océanographique française. Il anime le groupe de travail « Océan physique et biogéochimie ». L’océanographe note un point commun entre tous les membres du groupe : « D’une manière générale, quel que soit notre degré de sensibilité, nous ressentons une même tension entre l’envie de réduire notre impact et le désir de préserver les activités de recherche qui nous semblent essentielles ».

"Nous sommes par nature une communauté scientifique particulièrement sensibilisée aux questions environnementales. Nous menons d’ailleurs une réflexion sur l’impact de nos pratiques depuis plusieurs années. "

Xavier Capet, océanographe physicien, directeur de recherche au CNRS

 
À titre personnel, Xavier Capet considère que certaines pratiques, courantes auparavant, ne seront bientôt plus souhaitables, au regard des enjeux de décarbonation : « Mobiliser le Thalassa, comme on a pu le faire pour la campagne d’observation Scopes au sud du Sénégal fin 2022-début 2023, uniquement pour nos propres besoins, cela ne me semble plus admissible ». Cette mission était dédiée à la compréhension de l’écosystème planctonique de l’océan côtier ouest-africain, l’une des zones les plus productives en organismes marins au monde, et pourtant peu étudiée. 

Pour le chercheur, il s’agit désormais d’imaginer d’autres manières de travailler. Les observations in situ, en pirogue ou à bord d’un petit voilier, testées lors de Scopes avec le soutien des comités locaux des pêches, peuvent faire partie des pratiques à développer. Xavier Capet s’intéresse également de près à la propulsion vélique. Pour autant, il le sait : « L’interdisciplinarité des campagnes ne cesse de s’amplifier, nous aurons toujours besoin de bateaux capables d’accueillir beaucoup d’instruments et de nombreux scientifiques ».