Campagne Sealex : À la recherche d'éventuelles traces sous-marines de la tempête Alex
Au cours des neuf jours de la campagne océanographique Sealex, entre Cannes et Vintimille, du 1er au 9 novembre 2020, les 35 marins et les 24 scientifiques à bord du Pourquoi pas ? ont effectué prélèvements et mesures géophysiques, afin d’identifier les traces potentielles des écoulements générés par la tempête Alex et d’évaluer leurs effets sur les fonds marins. Une occasion unique pour toute la communauté scientifique nationale et internationale d'étudier les conséquences d'un événement climatique extrême, et plus largement les risques telluriques aux interfaces terre-mer.
La tempête Alex a affecté la France et plus particulièrement le département des Alpes-Maritimes du 2 au 4 octobre 2020, générant des cumuls pluviométriques, des crues, des glissements de terrain et des coulées de débris d'intensité jamais documentée dans les vallées de la Tinée, de la Vésubie et de la Roya. Que sont devenus ces immenses volumes de sédiments charriés jusqu'à la mer ? Saisissant l'opportunité d'une disponibilité inattendue du Pourquoi pas ? au large de Nice, Gueorgui Ratzov, maître de conférence à l'Université Côte d'Azur, et Sébastien Migeon, professeur à Sorbonne Université, tous deux spécialistes en géosciences marines, rattachés au laboratoire Géoazur, ont monté dans l'urgence la campagne Sealex (SEarching for ALEX).
“L'occasion était unique d'observer les traces encore fraîches de dépôts sédimentaires provoqués par la tempête Alex, remarque Gueorgui Ratzov. Les témoignages de cette nature sont souvent éphémères, et un doute subsiste toujours sur ce que l'on peut obtenir provenant d'événements anciens ou méconnus. Et puis contribuer à mieux connaître l'aléa naturel, c'est un peu la finalité de mon métier de chercheur.”
Du 1er au 9 novembre 2020, marins, techniciens, scientifiques venus principalement de France et d'Italie, se sont relayés au large des embouchures des fleuves pour effectuer de nouvelles acquisitions de bathymétrie et de sismique haute résolution afin d’imager les changements survenus potentiellement depuis la tempête, puis prélever des carottes de sédiments jusqu’à 2500 mètres sous le niveau de la mer.
Les débits liquides estimés à l’embouchure du Var au plus fort de l’épisode Alex sont de l’ordre de 3000 mètres cube par seconde. À titre de comparaison, le débit liquide pour la grande crue du Var de 1994 était de l’ordre de 4000 mètres cube par seconde. En 1994 toujours, 18 millions de tonnes de sédiments avaient été charriés vers la mer par le Var. En 1979, lors du glissement sous-marin dans la baie des Anges, 6 millions de mètres cube de sédiments auraient été arrachés au plateau et auraient dévalé le long de la pente continentale. La masse de sédiments charriés par le Var durant l’épisode Alex devrait largement dépasser toutes ces valeurs.
L'analyse des données sera effectuée dans les mois à venir et les résultats seront partagés avec les autorités et la population.
La campagne Sealex en chiffres
- 2542 mètres sous l’eau : la récolte de sédiment de la campagne Sealex la plus profonde
- 2504 cm de tubes de sédiments mis bout à bout
- 1800 km2 de zone explorée
- 600 km environ de profils sismiques réalisés
- 422 cm pour la plus longue colonne de sédiments prélevée
- 54 prélèvements
- 26 sites de prélèvement
* laboratoire Géoazur : Université Côte d'Azur, CNRS, Institut pour la recherche et le développement (IRD), Observatoire de la Côte d'Azur